La chaire de recherche RESET – Réseaux Electriques et Société(s) en Transition(s) fêtait son 2ème anniversaire le 10 avril dernier dans  l’emblématique Auditorium Agora au domaine du Haut-Carré à Talence (33).

Intitulé « Mutations des systèmes électriques entre perspective sociétale et coopération(s) « territoriale(s) »Deux ans de recherche-action au cœur de la chaire RESET », l’évènement a permis de mettre en évidence l’avancement des différents chantiers d’étude engagés par la chaire depuis désormais deux ans par son équipe de coordination et ses jeunes chercheurs, avec mise en perspective grâce aux regards des partenaires et d’experts nationaux.

Les jeunes chercheurs étaient à l’honneur pour porter leur regard sur les différents thèmes de l’évènement, répartis autour des trois tables rondes et conférences qui ont structuré la journée : autoconsommation collective, mise en société du compteur communicant Linky et services publics de l’énergie.

L’introduction en duo entre Thierry Gibert, directeur régional d’Enedis Aquitaine Nord, mécène désormais historique de la chaire et Christophe Bouneau, son coordinateur scientifique et professeur d’histoire économique à l’Université Bordeaux Montaigne, a rappelé l’originalité de cette chaire interdisciplinaire en sciences humaines et sociales, tant pour l’Université Bordeaux Montaigne qui étrennait ainsi sa première chaire, que pour le mécène Enedis qui enrichit encore le spectre de ses partenariats académiques dans diverses disciplines et thématiques, technique et notamment « réseaux intelligents » bien sûr, mais aussi économie et régulation, numérique ou encore ville et territoire.

Cyrille Abonnel a lancé la journée à travers une première conférence nous incitant à penser au prisme de la néo-électrification. Le coordinateur de la chaire et directeur Numérique et Innovation ouverte d’Enedis Aquitaine Nord, proposait ainsi une nouvelle approche de l’électrification en prenant en compte ses représentations et usages passés et à venir. C’est à travers cette mise en résonance entre culture historique de l’électricité et nouvelle donne environnementale et numérique, qu’émergerait un nouvel angle d’approche pour observer l’évolution des systèmes électriques et repenser la place du service public afférent. Il s’agissait bien ici de porter un regard critique sur ces évolutions, possibles « habits neufs » de la fée électricité, en référence au conte d’Andersen, dont il serait fécond de reconsidérer les représentations, entre « contraintes d’exploitation, construction de la demande réelle et utopies nécessaires » en référence aux travaux du professeur François Caron.

Cette base théorique a ainsi pu alimenter la première table ronde de l’évènement « Perception et appropriation des ENR en Nouvelle-Aquitaine : l’autoconsommation (collective) entre réflexion et expérimentation », autour de laquelle Patrick Behm, représentant du Laboratoire de l’ESS, Guillaume Guichard, ingénieur thermicien et représentant du Conseil départemental de la Dordogne, Jean-Luc Lajous, directeur du patrimoine chez Gironde Habitat, ainsi que Jean-Baptiste Goisque et Ludovic Cohen, deux jeunes chercheurs de la chaire RESET, ont pu partager leurs retours d’expériences sur une question importante de l’intégration multiforme de l’énergie photovoltaïque. Animé par Cyrille Abonnel, le débat s’est articulé sur les expérimentations néo-aquitaines et nationales des différentes formes d’autoconsommations électriques, en particulier l’autoconsommation collective.

Le sujet de l’appropriation de l’innovation restait tout aussi central pour la seconde table ronde qui visait à comprendre les différentes trajectoires de déploiement du compteur communicant Linky en France depuis sa « mise en société ». Animée par Christophe Bouneau, cette table ronde avait pour ambition de réunir plusieurs experts de la question dont Aude Danielli, docteure en sociologie au Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Paris Est, ParisTech, CNRS). Cette première approche nationale et globale de l’objet s’est inscrite en parfaite complémentarité des approches portées par les autres intervenants à travers d’abord un resserrement à l’échelle locale porté par Marion Andraud, sociologue référente sur cette question au sein de la chaire RESET. Bastien Tavner, sociologue de l’innovation en post-doctorat à Telecom ParisTech, a quant à lui mis en exergue les tendances plus spécifiquement liées aux controverses soulevées par le déploiement du compteur. Enfin, Christopher Fabre, chargé de mission affaires publiques chez Enedis, a quant à lui mis en exergue le rôle attribué à Linky dans la transition énergétique tout en proposant des éléments de réponses à une forme de défiance d’un pan de la société civile organisée vis-à-vis du compteur, et plus généralement, des opérateurs énergétiques.

Christelle Assegond, en approfondissant le sujet à « L’injonction au changement dans le domaine des pratiques énergétiques au centre des enjeux contemporains de transition », clôturait cette seconde partie de la journée par une conférence directement liée au processus complexe de la pénétration de l’innovation dans la société.

Le dernier tiers de la journée a quant à lui permis d’opérer la synthèse entre les différentes thématiques structurantes de ce 2ème anniversaire en comprenant les notions croisées de « Biens communs et de services publics comme enjeux d’identité et de reconnaissance pour les opérateurs de réseaux dans leur rapport à la société ». Benjamin Jouve, jeune chercheur formé à la chaire RESET et désormais doctorant CIFRE chez Enedis, Stéphane Oulié, directeur du Syndicat d’Energie Electrique de Gironde et Thierry Gibert, ont porté leurs regards de chercheurs et d’opérateurs sur le sujet. Orchestré par la maître de conférences en histoire contemporaine de l’Université Bordeaux Montaigne, Stéphanie Le Gallic, cette table ronde a permis de remettre en perspective les différentes conceptualisations pratique, philosophique et juridique de ces deux notions essentielles dans la compréhension du lien entre l’opérateur énergétique et la société. L’appréhension des notions de solidarités, voire de complémentarités territoriales, permit enfin de rappeler le rôle « assurantiel » des opérateurs de réseaux dans l’entretien et le développement du système électrique.

Pour terminer une journée riche de réflexions et de perspectives, Christophe Bonnery, président de l’Association des Economistes de l’Energie (AEE) et directeur de la prospective chez Enedis, proposait d’ouvrir le propos à travers son regard d’économiste et de prospectiviste, sur les tendances à venir du développement des réseaux à travers une approche multi-scalaire à moyen-terme.