En partenariat avec l’École d’Été franco-canadienne en Relations Internationales, fruit d’une coopération entre l’université Laval de Québec et l’Institut d’études politiques de Bordeaux, la chaire a proposé la conférence « Regards opérationnels sur les engagements armés modernes », le 15 juin dernier à Sciences Po Bordeaux.

Cet évènement, à vocation résolument pédagogique, a réuni aussi bien des participants à l’école d’été, que des représentants de la société civile et militaire.

Les échanges se sont appuyés sur les interventions d’officiers généraux, du Canada et de France, experts des questions sécuritaires et de stratégie militaire des deux pays alliés de l’OTAN :

  • Le général (2S) Jean-Marc LAURENT, responsable exécutif de la chaire ;
  • Le général canadien (Terre) Richard GIGUÈRE, enseignant et chercheur de l’Institut des Hautes Études Internationales de l’université Laval de Québec et président de l’Institut militaire de Québec (IMQ). Ancien commandant du Régiment français du Québec et du Collège royal de Kingston, il a participé à plusieurs opérations du Canada (Haïti, Afghanistan) ;
  • Le général français (Air) Patrick CHARAIX, enseignant à l’École de Guerre de Paris et de plusieurs établissements de l’enseignement supérieur. Pilote de chasse, ancien commandant des forces aériennes stratégiques, il a participé à plusieurs opérations extérieures (Golfe, Afrique) et a contribué à la construction, au niveau politico-militaire, de plusieurs opérations dans un cadre national et OTAN (Kosovo, Afghanistan, Libye, théâtre national).

Après un mot d’accueil d’Yves DÉLOYE, directeur de Sciences Po Bordeaux, qui s’est félicité de la coopération désormais bien ancrée entre l’Institut et l’université québécoise, le général Jean-Marc LAURENT a pris la parole. Il a rappelé le cadre légal des interventions armées (missions de l’ONU, opérations sous l’égide d’une organisation internationale comme l’UE ou l’OTAN, engagements en coalition d’opportunité, action interministérielle en appui des forces de sécurité intérieure). Il a aussi présenté les engagements actuels des forces canadiennes et françaises qui, pour les deux pays, sont de niveau équivalent, rapporté aux volumes de leurs forces, et constituent un effort considérable. Il est ensuite revenu sur les principes et les processus de construction des opérations militaires, depuis la décision de la communauté internationale jusqu’à l’engagement opérationnel des forces en passant par toutes les étapes de validation politique et de planification stratégique et opérative associant les pays intervenant ensemble. Enfin, il a fait une ouverture prospective sur les futurs engagements possibles dans les prochaines années.

Dans une intervention issue de sa propre expérience, le général Richard GIGUÈRE a tenu à insister sur la nécessité d’une approche globale face au défi sécuritaire. Les militaires déployés ne sont, selon lui, qu’une partie de la résolution du conflit, et a constaté qu’on assiste aujourd’hui à une « militarisation de la politique étrangère » et à une attente de l’action militaire qui dépasse ses capacités (reconstruction politique et économique des états faillis, par exemple).
Il a ensuite passé en revue les différentes causes de tension qui auront inévitablement des conséquences sur les opérations militaires dans les prochaines années. Elles touchent notamment les dimensions :

  • Politique (survie et stabilité de l’état, influences externes, terrorisme/insurrections, etc.) ;
  • Sociétale (tensions ethniques et religieuses, réfugiés, guerres de civilisation, etc.) ;
  • Economique ;
  • Environnementale (ressources naturelles et écologiques, question des ressources dont principalement l’eau, fragilité/rupture des écosystèmes, etc.).

S’appuyant sur son expérience en Afghanistan, il a notamment tenu à rappeler l’importance de la coordination entre les acteurs présents sur le terrain (militaires, diplomates et humanitaires) et de la nécessité d’une approche globale de la gestion des crises (travail coordonné des différents ministères).
En ouverture, il a évoqué la politique canadienne de défense (PSOP – programme pour la stabilisation et les opérations de paix, lancé en août 2016) et a invité les participants à consulter la nouvelle politique de défense du Canada, publiée quelques jours avant seulement.

Le général Patrick CHARAIX a ensuite présenté le cadre légal des interventions armées actuelles, les principes fondateurs des opérations multinationales (cadre juridique, politique, militaire) et les caractéristiques du cycle décisionnel français précédant une intervention.
A travers l’exemple de l’intervention menée en Libye, il a démontré la nécessité, pour la résolution des conflits, d’une définition précise de l’effet final recherché (état politique avant/après intervention) qui ne peut être atteint que par une approche multidimensionnelle.
Les interventions en Syrie et en Irak lui ont permis d’évoquer les deux piliers de ces engagements actuels : l’appui aux forces nationales et la formation. Il a également insisté sur l’importance de la coordination interarmées et a rappelé les exigences du travail en coalition.
Pour finir, il a tenu à aborder les deux enjeux de demain, l’espace et le cyber, qui permettront aux pays qui pourront les maitriser, dans leurs volets défensif et offensif, de se différencier.

// L’École d’Été en Relations Internationales est une initiative de l’Institut des Hautes Études Internationales de l’Université Laval de Québec et de Sciences Po Bordeaux. En 2017, elle a aussi pour partenaire l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM) et la chaire « Défense & Aérospatial ».
Elle se déroule chaque année et de façon alternative au Canada et en France au profit d’étudiants, chercheurs et professionnels issus du monde entier. Cette année, elle se tient du 11 au 17 juin, à Sciences Po Bordeaux.
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